Quand photographie et art se rencontrent
J’ai une passion : la photographie. Et plus précisément la photographie contemporaine. De nos jours, tout le monde fait des photos, grâce aux smartphones, toute la journée dans nos poches et toujours disponibles pour capturer facilement des instants que l’on ne veut pas oublier. Mais qu’en est-il d’une forme plus artistique de photographie ? C’est précisément ce domaine que j’aimerais vous faire découvrir.
L’appellation « photographie contemporaine », bien qu’elle paraisse anodine, est en fait particulièrement difficile à définir. Grossièrement, on peut la qualifier de mouvement artistique aux sujets abstraits qui a vu le jour à la fin du siècle dernier. Mais tout ceci est très subjectif, car la photographie contemporaine possède de nombreux aspects et contradictions qui rendent sa signification très floue.
Michel Poivert, professeur d’histoire de l’art à l’université Panthéon-Sorbonne de Paris, et auteur du livre La Photographie Contemporaine (2002), sur lequel je me suis en partie basée, est l’un de ceux qui en a proposé une définition. Dans son essai, Poivert évoque la complexité du principe de la photographie contemporaine. En fait, pour lui, elle n’a même pas de définition exacte, ou alors elle serait extrêmement confuse. Finalement, la qualification « photographie contemporaine » n’aurait pour seul but qu’un positionnement historique. Elle ne serait qu’une coupure entre la photographie d’avant les années 1980, date officielle du début de ce mouvement, et ce qui s’en suit.
Toutefois, il a tout de même fallu lui trouver un semblant de définition. Et c’est là que le tout se corse. Pour commencer, il faut avoir en tête que le principe central de la photographie contemporaine, c’est son opposition au style de photos non contemporaines. Je m’explique : comme je le disais plus tôt, les images photographiques n’ont été découvertes que très récemment quand on les compare à d’autres arts comme la peinture, par exemple.
C’est pourquoi, au tout début, elles n’étaient pas considérées comme un art à part entière. Jusqu’à la deuxième moitié du XXème siècle, on n’envisageait pas que la photographie puisse avoir un autre objet que la documentation. Et ce fut ainsi jusqu’aux années 1980. C’est alors que les progrès technologiques transforment la photographie, et ce grâce au numérique. Désormais, elle est plus qu’un simple outil médiatique, c’est aussi un nouveau moyen d’exprimer sa créativité. Et voilà comment est née la photographie contemporaine.
Mais, à mon avis, la meilleure façon d’expliquer la photographie contemporaine, c’est d’en définir les courants artistiques qu’elle rassemble, ce que j’appellerai des « sous-genres ». Il y a en a énormément, car ils regroupent tous les différents genres artistiques, de 1980 jusqu’à aujourd’hui. Mais je me contenterai d’en nommer trois qui, à mon goût, sont les plus caractéristiques de tous.
Le premier sous-genre est celui de la photographie plasticienne. Elle est souvent utilisée comme synonyme direct de la photographie contemporaine, car elle englobe une large partie de son territoire. Pour faire court, ce sous-genre ne fait que la représentation fictive de la réalité, par opposition à la photographie documentaire. Il s’adapte à la vision de l’auteur, proposant généralement au public des interrogations sur des sujets sociétaux. L’artiste Cindy Sherman est représentative de ce courant. Vous pouvez trouver ici l’une de ses oeuvres, prise en l’an 2000, qui est une critique de la place de la femme dans les médias.
Ensuite, un deuxième sous-genre est celui de la photographie subjective. Il correspond à la transmission d’émotions à travers une image. L’auteur met là aussi en valeur sa propre vision du monde, mais cette fois en accentuant les sentiments que celle-ci lui procure. La photographie Punctus de l’artiste Sally Mann (1992) en est un bon exemple.
Pour finir, on retrouve la photographie picturale. Elle peut être comparée à un tableau, puisqu’elle est très éloignée d’une représentation réaliste. Souvent associé à tout ce qui touche au photo-montage, ce sous-genre repose essentiellement sur la modification numérique après la capture d’une photographie. Il joue particulièrement sur l’interprétation du public, et ne contient que très rarement des formes distinctes, reconnaissables, et y préfère une composition abstraite. J’ai choisi d’illustrer ce genre par une photographie de l’artiste italien Paolo Gioli qui se nomme Volto Attraverso Gli Occhi Di Pasolini (1995).
Bref, la photographie contemporaine est une forme artistique variée, riche et multiforme. J’espère vous avoir fait toucher du doigt certains de ces aspects. Et vous, chers lecteurs? Avez-vous une passion ? N’hésitez pas à partager avec nous sur Camäléon, et rendez-vous très vite pour une interview exclusive d’un photographe contemporain!
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Salut, On peut rappeler qu’avant le milieu du XX ème, dans les années 20-30 Man Ray, pour ne citer que lui a créé des œuvres photographiques qui n’avaient aucune vocation d’illustration utilitaire.. Il suffit de consulter quelques ouvrages sur l’histoire de la photographie pour le vérifier.
Bonjour ! Vous avez bien entendu raison, le développement de la photographie est évidemment bien plus complexe que ce que je présente ici. Des photographes comme Man Ray que vous citez ont, bien qu’ils soient sans aucun doute des photographes d’art, une manière de faire très différente du mouvement contemporain. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas rentrer trop dans les détails afin de ne pas se bourrer la tête d’informations. Ce qu’il faut retenir, c’est que la photographie a fait un bond vers l’avant (aussi bien en technique qu’en popularité) après la seconde moitié du XXème siècle. Avant cela, elle n’était pas vraiment connue comme un réel objet d’art, même si on pouvait en apercevoir de temps à autre. Enfin, d’après mes sources du moins, le doute reste permis !
Je vous remercie néanmoins de votre commentaire, il ne faut pas oublier que ce sont ces photographes-ci qui sont à l’origine du futur !