Pourquoi on peut avoir 15 ans et aimer Schubert…

Der junge Schubert (Josef Abel. Source: wikipedia)

Schubert, vous avez dit Schubert ??? Dernièrement, en discutant avec une amie de mon âge, j’ai découvert que nous partagions le même enthousiasme pour les œuvres de Schubert. C’est pourquoi j’ai eu envie d’explorer le lien entre la musique de Schubert et la jeunesse d’aujourd’hui, pour vous, lecteurs de Camäléon.

Franz Peter Schubert est un compositeur de musique classique. Il est né le 31 janvier 1797 dans un quartier de Vienne, la ville où il a passé l’entièreté de sa vie, et où il est mort au jeune âge de 31 ans, le 19 novembre 1828. Il chantait, jouait de l’orgue, du piano, de l’alto et du violon. Déjà très jeune, il a un don pour la composition. Il a écrit la première de ses œuvres («  Eine Klavierfantasie G-Dur zu vier Händen » ou « fantaisie à quatre mains pour piano en sol majeur »), une pièce pour piano extrêmement belle et d’une incroyable richesse, alors qu’il n’avait que treize ans.

Celle-ci est rapidement suivie de 1008 autres œuvres, dont une belle quantité de Lieder, 12 symphonies, de la musique de chambre, plusieurs quatuors, de la musique religieuse, etc. Compositeur prolifique, Schubert aborde souvent dans ses œuvres les thèmes de l’amour («Gretchen am Spinnrade » ou « Marguerite au rouet »), la mort, la solitude et la nature (« Ellens dritter Gesang » ou « L’hymne à la vierge », inspiré par le poème de Walter Scott), comme il était coutume à la période romantique.

Pourquoi est-ce que Schubert peut nous paraître encore très actuel, à nous, adolescents du XXIème siècle ? Tout d’abord, comme Schubert est mort très jeune, Il n’a pas pu mûrir ses oeuvres, les transformer par l’expérience, et il nous les livre avec toute la fraîcheur de la jeunesse, et je pense que beaucoup d’entre nous peuvent s’identifier à cela.

Effectivement, pour une grande majorité de gens, l’adolescence est une période difficile. Il est courant d’éprouver une multitudes de sentiments contradictoires, allant de la souffrance psychologique, à une sorte de mélancolie ou à une naïveté encore enfantine, mais aussi à un sentiment de solitude, une envie d’appartenance ou bien l’impression de ne pas pouvoir être aimé. Schubert écrit lui-même dans son journal que « [ses] créations existent par la connaissance de la musique et par celle de [sa] douleur ».

De plus, les thèmes abordés dans le romantisme, le courant auquel appartient Schubert, entrent en résonance avec certains sujets d’actualité qui préoccupent la jeunesse d’aujourd’hui. En effet, comme à l’époque de la jeunesse romantique, nous ressentons une envie croissante d’harmonie avec la nature et de respect pour elle, une passion des voyages et de l’ouverture, et un souhait de nous identifier à des standards de beauté plus inclusifs.

De nos jours, ces envies et ces tendances s’expriment dans des mouvements comme « Fridays for future », qui oeuvre à éveiller les consciences sur la nécessité de protéger l’environnement. Ou bien dans le concept de « body posivity » (regard positif sur le corps), une tendance qui promeut l’acceptation de nos « imperfections » et de standard plus accessibles. Enfin, le « cottagecore », une tendance qui prône le retour à la nature, nous fait partager l’envie de Schubert de sortir des grandes villes pour aller dans la campagne profonde, dans une communauté soudée et proche de valeurs plus simples. Ainsi, nous remarquons bien des échos entre la génération du compositeur romantique et la nôtre.

Enfin, Schubert peut s’adresser aux jeunes grâce à son impressionnante diversité. Il a composé des morceaux extrêmement divers, ce qui permet de toucher un public très large. Par exemple, ses impromptus n’ont pas de parties chantées, contrairement à ses Lieder ou ses opéras, et cet artiste hors normes a composé pour des instruments et ensembles tous unique en leur genre. Bref, quand on parle de Schubert, il y en a vraiment pour tout le monde !

Pour conclure, je conseille aux lecteurs d’aller écouter les oeuvres de cet artiste pour se créer leur propre opinion. Comme vous l’avez compris, moi, je suis fan de Schubert et de ses oeuvres, même 200 ans après leur composition. La musique classique n’est pas forcément déconnectée de notre époque, allez donc découvrir un peu ce compositeur toujours d’actualité, et donnez nous votre avis !

A bientôt sur Camäléon ! 😉

Ma sélection pour s’initier à Schubert :

  • Hilary Hahn, célèbre violoniste, nous introduit au « Roi des aulnes » (der Erlkönig, poème de Goethe).
  • « Le voyage d’hiver » (Die Winterreise, dont les textes sont de Wilhelm Müller) est une série de Lieder très célèbres.
  • Découvrez la grande pianiste Maria Joao Pires interpréter des impromptus de Schubert.
  • Pour finir, écoutez l’incontournable Leonard Bernstein dans la symphonie n°8.
Nina Scherer
Les derniers articles par Nina Scherer (tout voir)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *