« Mythe de Paris » : flânerie photographique à la Moderne Galerie de Sarrebruck

Photo extérieure montage livres d’art, flyer et autocollant du club
Photo extérieure montage livres d’art, flyer et autocollant du club ( photo : Huff-André / Camäléon )

L’exposition « Le mythe de Paris. Photographies de 1860 à 1960 » est présentée à la Moderne Galerie du Saarlandmuseum  à Sarrebruck.

Elle rassemble, comme cela est précisé en haut du flyer disponible en libre accès à l’entrée de l’exposition « 200 regards braqués sur Paris au fil d’un siècle ».

Cette exposition, c’est comme un cadeau en noir et blanc qui est offert pour clore les manifestations proposées à l’occasion des 60 ans du Traité de l’Elysée.

Elle rassemble des photographies réalisées à Paris en l’espace de 100 ans. Certaines œuvres ont quitté, momentanément, leur musée d’origine (des prêts provenant du Musée Folkwang de Essen et du Musée Ludwig de Cologne, du Centre Pompidou de Paris et de la Bibliothèque Nationale de France). D’autres proviennent d’un album photos, retrouvé en 2022 par des documentalistes du musée « Album Photographies de Paris » d’Edouard Baldus datant des années 1860.

Paris est la ville dans laquelle la photographie s’est épanouie. Les photographes y ont, en effet, bénéficié du brevet de Daguerre ; « un procédé photographique qui permet une meilleure fixation de l’image et un raccourcissement du temps de pose » m’explique un visiteur photographe- amateur. Des portraits peuvent alors être pris et créer de nouveaux rendus fascinants.

« En 100 ans, les techniques et recherches esthétiques ont considérablement fait évoluer la photographie » souligne une visiteuse enthousiasmée par les œuvres.

Devant le musée avec ajout de livres d’art et autocollant du club
devant le musée avec ajout de livres d’art et autocollant du club ( photo: Huff-André / Camäléon )

Les artistes – photographes rassemblés pour cette exposition ont vécu à Paris et ont photographié cette ville selon leur audace et sensibilité. Certains mettent en exergue des bâtiments, des façades ou des objets, d’autres ,des visages et des attitudes. Ainsi cohabitent une photo de Notre Dame de Paris, une scène se déroulant dans les Halles, un baiser donné sur un trottoir encombré de passants, ou une proposition de lampe Place de la Concorde : toutes ces photos ont créé un véritable mythe de Paris !

Des artistes allemands sont mis à l’honneur : « d’Edouard Baldus à Otto Steiner, voilà une bien belle promenade », promet une mère à son fils devant le musée ! D’autres de grande renommée : Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Brassaï, Man Ray …sont aussi présents.

A l’entrée de l’exposition, le visiteur est donc plongé dans le monde du noir et blanc. Des photos de tailles variées et de gigantesques reproductions sont installées sur fond violet.

Mythe de Paris
Photo : Huff-André / Camäléon

Des espaces sont organisés de part et d’autre mais il est impossible de ne pas être saisi par l’immense agrandissement du « Baiser de l’hôtel de ville » 1950 de Robert Doisneau.

Mythe de Paris
Photo : Huff-André / Camäléon

Sur la droite, en libre-service sont proposés deux grands blocs de flyers, format A3.

J’apprends par une employée que « la majorité des visiteurs sont allemands », mais je suis surpris de constater qu’il reste davantage d’affiches – guide de l’exposition en langue allemande ; elle m’explique : « Les Allemands prennent des explications en français car c’est Paris dont il s’agit et ils connaissent la langue. » Elle note qu’ils reviennent souvent une seconde fois. A côté de ces beaux guides – souvenirs (un élastique pour bien les tenir roulés est même proposé à la sortie), se trouvent des recommandations pour le confort de la visite (renseignements supplémentaires et musique à télécharger grâce à un QR code), ainsi que d’autres flyers contenant le sommaire thématique disponible en allemand et en anglais.

Mythe de Paris
Photo : Huff-André / Camäléon

A l’entrée sur la gauche ce sont les photos d’Edouard Baldus qui sont fixées au mur. Un numéro discret en bas de chacune d’entre elles est posé ; tous les numéros sont rassemblés au bout de cette première installation et les titres sont donnés. « Album Photographies de Paris » d’Edouard Baldus datant des années 1860.

Il en va de même pour toutes les autres œuvres présentées dans les cinq autres espaces semi-ouverts.

Ainsi les visiteurs voyagent à travers le temps via le regard des photographes choisis.

Le sommaire thématique du flyer en annonce les étapes : «Edouard Baldus, L’exposition universelle de 1900, Portraits (collection Maria Wallpott), Eugène Atget, L’art photographique moderne à Paris, La photographie humaniste à Paris et La « subjektive fotografie » et Paris. »

Comme prennent le temps de me l’expliquer deux amies passionnées par la photo, « cette exposition est très riche car au cours de ces 100 années, les photographes ont pu se lancer dans le début du documentarisme ou vers le pictorialisme ; d’autres ont cherché à se rapprocher de la peinture avec des clichés saisissant des effets de flou ; d’autres encore ont fixé des scènes très humanistes. »

A la question « quelle est votre photo préférée ? », « Le baiser » de R. Doisneau
revient souvent.

Un visiteur allemand d’une cinquantaine année nuance sa réponse « une photo de DoiSneau ( la lettre ‘S’, prononcé comme deux Z !! ), ja ! » ; il est ravi par l’exposition car ajoute t -il : « j’avais aussi envie de voir autre chose que le Baiser ! ». Sa femme nous rejoint et nous fait part « de son faible pour le travail de Man Ray ».

Pour une étudiante, c’est « Silhouettes de Paris, 1949 d’Otto Steinert » car elle prépare un sujet en architecture ; pour son ami, c’est « Rue de Rivoli » de Gisèle Freund .

Un autre visiteur tergiverse « ce que j’ai préféré… dur à dire… peut-être tout de même le baiser de Doisneau. J’aime aussi le fait que la rue ait été surnommée la rue des baisers, die Straße der Küsse ; je trouve cela très romantique ! ». En décembre dernier, la modèle Françoise Bornet, dont l’image a fait le tour du monde, est décédée à l’âge de 93 ans. Peut-être davantage d’émotions se dégagent-elles, alors, de cette photo très célèbre.

Une jeune femme répond « oui, j’ai deux photographes préférés : Doisneau et Steiner. Je viens souvent au musée ; je suis enchantée, je reviendrai avec des amies ».

Une autre visiteuse plus âgée me confie « je suis venue pour les œuvres d’Edith Duttlinger ».

Mythe de Paris
Photo : Huff-André / Camäléon

Nombreux sont celles et ceux qui semblent apprécier les quelques notes de piano – seul fond sonore – provenant d’une diffusion d’une vidéo située au fond de l’exposition. Il s’agit d’un reportage sur la vie d’une photographe, diffusé en français, sous – titré en anglais. Cette installation se trouve en face de huit photos de Gisèle Freund et de deux d’Otto Steiner, prises vers 1 955.

A proximité, se trouve un canapé d’angle ; il est alors possible de flâner et de feuilleter le catalogue de l’exposition mis à disposition.

 

Mythe de Paris
Photo : Huff-André / Camäléon

A la sortie, « petit-jeu ! » Il est possible de choisir sa photo préférée parmi plus de trois  cents photos envoyées par le public, qui passent en boucle sur deux grands écrans. « Mein Paris – Dein Paris  , Publikumsliebling gesucht ! Welches ist das beste Paris-Foto ? Le nom du gagnant ou de la gagnante sera annoncé dimanche 4/2 à 17h à la Moderne Galerie.

Le musée propose des visites guidées, des ateliers et d’autres renseignements précieux. Il est judicieux de consulter son site internet et de se laisser guider. Les premiers clichés font déjà rêver. Il est possible de les voir en réel jusqu’au 10 mars 2024.

Louis Huff-André

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