5 novembre 2024 : une élection américaine très singulière
Difficile de ne pas entendre parler de l’élection présidentielle américaine. Que ce soit à la radio, à la télévision, dans les kiosques, dans les bureaux de presse et même dans les bibliothèques, les paroles et les images des deux candidats fusent. Depuis plus de deux mois, diverses informations sont ainsi relayées par les médias. Elles concernent d’une part, les idées des deux candidats et les commentaires que les éditorialistes politiques en font et d’autre part les annonces de divers faits gravitant autour de l’élection. (tirs donnés lors d’un meeting ou d’une partie de golf, un film relatant la vie d’un candidat, publication de livres, de chanson satirique – voir article BD Camäleon – soutiens d’artistes, d’acteurs, d’hommes politiques…).
Dans notre lycée, les élèves parlent-ils de l’élection avec leur professeur d’anglais ? Connaissent-ils le système de vote américain si particulier ? Comment cette campagne électorale est-elle vécue par certains Américains ? Cet article rassemble quelques points de vue, analyses et ressentis de cinq Américains et celui d’une gérante d’une maison de la presse en Espagne du Nord. Il contient également des informations données par deux de nos professeures d’anglais du LFA.
Ce flot d’informations émises autour de l’élection fait dire à l’Américain Brandon McQ., résidant en Oklahoma, que la plupart des gens qui s’intéressent à cette élection, apprécient davantage la part du divertissement qu’elle offre. En revanche, Doug V., habitant d’une petite ville également en Oklahoma, pense que dans son Etat, la majorité des Américains n’éprouvent pas un grand intérêt pour l’élection. Il précise qu’ils savent que c’est important mais que cela n’a pas d’impact significatif sur leur quotidien. De plus, il mentionne les Etats pivots dans lesquels, selon lui, les électeurs sont vraisemblablement plus engagés. Ces Etats, les « Swing States », sont ceux dont le vote est indécis. Selon les années, l’électorat se prononce pour l’un ou l’autre camp. Cette année, il y en a 7 qui sont susceptibles de faire pencher la balance.
Le système américain est très spécifique, avec ses Grands Electeurs, et n’est pas forcément bien connu par l’ensemble des élèves du LFA. « I assume that some of my students know something / some puzzle pieces about the system but not the whole complexity about it. » constate Frau Kühn, professeure d’anglais. C’est la raison pour laquelle, des échanges sont proposés et des informations apportées : « I discuss with them. (…).There are some students who ask me questions about the election. » précise -t-elle. Madame Koewenig, également professeure d’anglais, engage aussi des discussions et invite même un professeur du Deutsch-Amerikanisches Institut : « Students usually find the American elections very interesting (…) I explained the system to my Terminale S students, and I had a lecturer from the Deutsch-Amerikanisches Institut come and talk to them about it. So, yes, they are definitely familiar with it. ». Elle rappelle que ses élèves sont bien conscients des enjeux des résultats de cette élection : « Students usually find the American elections very interesting. They are fascinated by the American voting system(…) ; they are well aware of what is at stake in the results of the upcoming elections, for the USA in particular but for the world in general too. »
Linda C., qui vit en Oklahoma, déclare être très intéressée par ce que pensent les autres pays de l’élection américaine. Elle se rend sur les réseaux sociaux pour lire les commentaires : « I have explored TikTok, YouTube and Reels to see what folks are posting. Their heartfelt sympathy is welcome.» A. J. de L’Iowa l’est aussi. Elle confirme : «I am absolutely interested in what other countries think about our democratic process and the state of our nation. International opinion is important and should be considered as we continue on as a country ». Doug V. répond que le choix de leur président est important pour l’ensemble de tous les pays ; qu’il est toujours préférable de se faire davantage d’amis et peu d’ennemis. Il reconnaît que la couverture médiatique est très importante et même écrasante ; c’est pourquoi il est difficile de distinguer le vrai du faux. Brandon McQ. spécifie que selon les chaînes nationales regardées, CNN ou FOX par exemple, telles ou telles informations sont mises en exergue et que ce sont bien les faits nationaux qui priment et non les sujets locaux.
Certains spots publicitaires semblent être inexistants dans certains Etats. Ce même Américain déclare en effet n’avoir vu aucune publicité pour le candidat Trump et une pour Harris, à deux reprises. « Honestly, I haven’t seen any ads for Trump, and only one ad for Harris twice on television.» . Le vote de son Etat est connu d’avance : voilà pourquoi il n’y a pas d’affiches des deux candidats. Linda C. le reconnaît « The national press is all about this election. Locally, in Oklahoma – there is not much advertising. Oklahoma is a “Red” state. I have seen Harris/Wolf commercials, but nothing from the Republicans. Trump feels the Red States are in his pocket and he doesn’t even have to try.». Sue McQ. est formelle, les candidats connaissent le vote majoritaire de leur Etat : ils ne dépensent donc pas d’argent pour organiser des meetings ou d’autres formes d’informations. A.J. de l’Iowa ne tergiverse pas : elle pense que la désinformation est omniprésente dans leurs médias. « I believe there should be more debates discuss the issues and create some resolve in those divisive issues before we vote on our next President.» Elle a suivi le débat télévisé entre K. Harris et D. Trump et regrette qu’il n’y ait pas plus de débats politiques entre électeurs, avant le choix des candidats, car cela permettrait de discuter des réels problèmes et de résoudre les questions qui les divisent. Elle le mentionne à plusieurs reprises, la division de son pays s’accroit, selon elle. Mais discuter de politique n’est pas simple : « il suffit de mentionner le nom de Trump pour que quelqu’un devienne fou de rage ; et vice versa avec Kamala». Sue Mc Q. le reconnaît aussi « d’autres sont si radicalement opposés à Trump que la seule mention de son nom suscite de la colère. L’électrice A.J. établit le constat suivant : la situation varie d’un Etat à un autre. Pour elle, plus près des côtes, on trouve davantage de libéraux qui votent pour leur parti car ils ne connaissent pas autre chose. Dans le Midwest, on trouve des systèmes de valeurs très différents qui sont, de fait, conservateurs. Elle est convaincue que ces alternatives s’affirment toujours plus et aggravent la division du pays. Elle, qui connaît bien les programmes des candidats, est scandalisée car « une grande partie de la population américaine ne se préoccupe pas de qui va diriger leur pays. » Sue Mc Q. ressent également une division au sein du pays. A la question « Pensez-vous qu’un second débat télévisé aurait été utile ? », sa réponse est sans équivoque : non, cela ne ferait que donner l’occasion aux deux partis de diviser encore plus l’Amérique avec des remarques incendiaires. Selon elle, le syndrome de dérangement de Trump est un problème réel et sérieux qui pousse les Américains à fermer les yeux sur l’idée de ‘tout sauf Trump’, même si cela signifie la destruction de notre propre structure. Cette femme, bien installée dans la vie, pense que son vote ne servira sans doute à rien puisque son Etat choisit toujours le même parti. En revanche, elle reconnaît qu’il lui plaît d’annuler ainsi un vote du parti démocrate. Elle donnera sa voix à D. Trump car conclue -t-elle « en tant qu’individu j’étais dans une meilleure situation lorsque Trump était président (même pendant le Covid). Je sais que mes valeurs personnelles ne s’alignent pas avec celles de la campagne Harris/Walz. Je ne peux pas soutenir leurs idées. »
Au contraire, Linda C., pourtant ancienne républicaine, qui connaît les idées défendues par les deux candidats, votera pour K. Harris. Elle estime qu’elle représente l’avenir. « Will you vote? » « Yes. Oh Yes ! Even in this Red State I will vote for the Harris / Walz ticket. (…) I believe that the Republicans are backing an illegal choice (convicted Felon ) and that Mrs Harris and Mr Walz are your best hope for a future.” Toutefois, elle sait bien que certaines promesses ne seront pas tenues ; elle demeure sceptique.
Maria F., propriétaire d’une maison de la presse à Girona en Espagne, avoue ressentir le besoin de prier pour que Trump ne soit pas élu. Elle redoute le choix des Américains qui parfois se montrent « un peu fou-fou » ; pour elle, « partout en Catalogne, on pense que Trump est dangereux ».
L’élection américaine aura lieu mardi 5 novembre et le nom du ou de la vainqueure devrait être connu, au plus tôt, dans la nuit du 5 au 6 novembre car le décompte des voix risque d’être long. Jamais une élection américaine n’aura suscité autant de passion et de suspens.
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