« Tout partait d’une blague, et c’est devenu un livre »: comment un élève du LFA a publié un livre
Voici une idée de lecture pour les vacances qui devrait vous plaire, chers lecteurs. Non seulement ce livre est truffé de bons mots, mais en plus il a été écrit par un élève de notre lycée! Place à une interview avec Walter Gonigam, élève de terminale L2 qui vient de passer son bac, et à son livre fraîchement publié chez TheBookEdition: « Nouveau Dictionnaire du Second Degré ».
Peux-tu nous en dire plus sur ton livre ?
Mon livre, intitulé « Nouveau Dictionnaire du Second Degré », est un dictionnaire, comme son nom l’indique, dans lequel les mots sont définis sous forme de blagues. On y trouve par exemple les termes suivant :
Dyslexie : maladie qui prouve que Dieu possède le sens de l’humour.
Daltonisme : anomalie qui fait voir la vie en rose.
Un mot équivaut donc à une blague. C’est un livre qui fait un peu plus de 160 pages et qui est très simple et rapide à lire, c’est ce que j’appellerais de la lecture « détente ». L’éditeur s’appelle « TheBookEdition », et la maison d’édition en elle-même est basée à Lille.
Pour trouver mon livre, vous pouvez tout simplement cliquer ici.
D’où t’es venue l’idée d’écrire ce livre?
C’était en décembre 2020, j’étais en classe de terminale, l’année du baccalauréat qui est généralement assez mouvementée et durant laquelle on est soumis à beaucoup de stress. Pour remédier à ça, en parallèle de mes révisions pendant les vacances de Noël, je m’étais mis en tête qu’il fallait que je réalise un objectif. C’est ainsi que je me suis promis à moi-même qu’avant la fin de l’année j’aurais écrit un sketch, parce que l’humour est quelque chose qui m’a toujours particulièrement attiré.
Et voilà que je commence à écrire. Mais le problème, c’est que je ne trouvais pas de fil conducteur à mon sketch, je ne trouvais pas de réelle histoire drôle. Je ne trouvais que des blagues isolées, comme par exemple :
Allocation : argument pour avoir un petit frère.
Tout ce qui me venait à l’esprit n’étaient que des mots solitaires avec des blagues associées. Je me suis donc retrouvé le premier soir avec une dizaine de blagues. Dix mots, comme ça, dans mon carnet, sans savoir quoi en faire. Et là, je me suis dit qu’il fallait que je procède différemment, que j’allais désormais simplement noter toutes les blagues qui me passaient par la tête. C’était plus facile pour moi comme ça parce que je suis quelqu’un qui aime bien faire des blagues, M. Burtin pourrait le confirmer !
L’idée était de tout noter dans mon téléphone et de me retrouver à la fin avec suffisamment de blagues pour pouvoir en faire un dictionnaire. C’est donc comme ça que m’est venue l’idée du « Nouveau Dictionnaire du Second Degré ».
Comment se sont passées pour toi les différentes étapes d’écriture et de publication de ton livre ?
Quand j’ai commencé à écrire mon livre, je suis arrivé à soixante-dix définitions à la fin de la première soirée, j’étais très content. Le problème, c’est que plus tu trouves de blagues, moins tu en as à trouver, donc moins tu as d’inspiration. Alors, plus le temps passait, moins l’écriture du dictionnaire allait vite, ce qui fait que je suis passé de soixante-dix définitions en une soirée à parfois vingt, parfois dix, parfois une seule. C’était très aléatoire parce que le second degré, ce n’est pas quelque chose que tu contrôles, ce ne sont que des blagues qui te viennent comme ça. Certaines définitions ne m’ont demandé que dix secondes à imaginer, quand d’autres prenaient dix minutes, parce que même si j’avais une idée de départ, il fallait que je parvienne à la tourner en blague.
L’écriture de mon livre avançant de moins en moins vite, j’ai pris de décembre 2020 à mai 2021 pour l’achever. D’ailleurs, j’ai su qu’il était achevé, lorsque je suis arrivé à 264 définitions. À ce moment-là, j’ai réalisé ce que je venais d’accomplir. J’étais vraiment content. Ça y est, il était terminé, sur mon téléphone, le plus dur était derrière moi. Moi-même je n’y croyais pas parce que ce n’est pas rien d’écrire un livre, quand même !
Je me suis donc retrouvé avec 264 blagues dans mon téléphone et il fallait que je trouve un moyen de les publier. À la base, je voulais envoyer mon livre à des éditeurs. Et c’est ce que j’ai fait, j’ai envoyé mon livre à la maison d’édition Michel Lafon qui ne m’a jamais répondu. Mais plus tard je me suis rendu compte que l’envoyer à des éditeurs n’était pas une si bonne idée que ça. Tout simplement parce qu’une blague c’est très, très simple à voler. Quand tu lis une blague, tu la retiens. C’est le principe d’une blague, c’est quelque chose qui se répète et que tu vas facilement garder en tête. Et moi, n’étant ni humoriste ni écrivain, même si la maison d’édition n’a pas montré d’intérêt pour mon travail, la personne en charge de lire mon livre pourrait très bien ressortir mes blagues plus tard et je n’aurais aucun moyen de prouver qu’elles viennent de moi. Elles seraient donc volées et c’est donc la raison pour laquelle je trouvais ça assez dangereux de les envoyer à des éditeurs.
Je me suis donc intéressé à l’auto-édition, grâce à laquelle on peut créer son propre livre, être son propre éditeur. Après beaucoup de recherches, je suis tombé sur « TheBookEdition », un site d’auto-édition où on fait soi-même la mise en page de son livre à partir d’un fichier Word. Après envoi à « TheBookEdition », le fichier est transformé en véritable livre, après validation. C’est donc comme ça que j’ai procédé. C’était beaucoup plus sûr pour moi de passer par l’auto-édition. Mais mettre mon livre en page par mes propres moyens a été difficile. Il y a une certaine taille, un certain nombre de pages à respecter en fonction d’un certain prix. Bref, c’était compliqué ! Mais j’ai finalement réussi, après plusieurs jours de travail, à mettre de l’ordre dans tout ça. J’ai envoyé mon fichier et « TheBookEdition » a accepté de l’imprimer. Et c’est comme ça que mon livre a été publié.
Après ça, j’étais bien sûr vraiment très, très content. C’était un projet qui était achevé. Tout partait d’une blague, et c’est devenu un livre. C’était un énorme accomplissement pour moi. En dehors de ça, je suis en classe de L et j’ai fini ma scolarité en écrivant et publiant un livre. Pour moi, c’est un beau symbole. D’ailleurs, à tous les élèves de la section S qui n’arrêtent pas de dire que leur filière est mieux que la nôtre: quel élève de la série S a terminé son année en écrivant une thèse de physique ou de mathématiques en classe de terminale? Alors qu’un élève de L a écrit un livre à la fin de sa scolarité au lycée, donc, on voit bien qui est le plus efficace, finalement ! (note de l’auteure : ce n’est pas moi qui le dis, on vous aime quand même, les S… Enfin, presque).
Quand le livre a été terminé, j’ai eu des messages de tout le monde : de mes amis et de mes proches, ainsi que de ceux de ma famille. Les gens autour de moi étaient tous intéressés, j’étais vraiment fier.
Était-ce un projet complètement personnel ou as-tu été soutenu par ton entourage ?
C’était un projet personnel, bien que j’aie eu le soutien de mes parents, pour avoir un avis extérieur. Je leur lisais quelques définitions, et ils me conseillaient sur ce que je devais plutôt conserver ou pas. J’en ai également parlé à quelques amis proches et à un seul professeur, M. Burtin, qui lui aussi m’a soutenu. Je lui ai fait lire aussi certaines définitions, et j’étais content quand il les approuvait. Voilà le soutien que j’ai eu. En revanche, j’ai écrit et publié mon livre tout seul, c’est moi qui ai inventé chaque blague et c’est moi qui l’ai créé du début à la fin. Et ça reste un projet très personnel, parce qu’écrire un livre, c’était un objectif que je m’étais fixé quand j’avais quinze ans. Je m’étais déjà mis en tête qu’il faudrait que j’écrive un livre, un jour. Mais jamais je n’aurais cru que je réaliserais ce vœu à dix-sept ans. De plus, j’ai écrit un livre humoristique, et l’humour est quelque chose de très important pour moi. Donc, écrire un livre, c’était déjà bien, mais humoristique, c’était doublement bien.
Des idées pour la suite ? D’autres livres vont-ils paraitre prochainement ?
J’ai effectivement d’autres idées. Je ne pense pas faire un tome 2 du « Dictionnaire du Second Degré » pour autant, parce qu’après avoir déjà imaginé plus de 260 définitions, ça risque d’être compliqué d’en trouver d’autres, tout en conservant cet humour qui m’est propre, étant donné que même pour ce premier tome, ça n’a pas toujours été facile. Je préférerais me concentrer sur une certaine qualité.
J’ai tout de même des idées pour d’autres livres avec d’autres concepts qui vont dans la même trajectoire, c’est-à-dire l’humour. Mais je ne pense pas les publier de sitôt, parce que je n’ai rien de vraiment concret pour l’instant. Mais je n’ai pas oublié mon projet de sketch. On verra bien si j’arrive à l’écrire un jour ou pas ! Sur un mode plus ambitieux, j’avais également pensé à des parodies, des films ou des musiques, mais cela demande de plus gros moyens, malheureusement.
L’humour est quelque chose qui fera toujours partie de moi, et que j’aimerais développer toujours plus. J’ai hâte de voir où cet humour, même si je n’ai pas la prétention d’en avoir le meilleur, m’emmènera à l’avenir. Le plus loin possible, je l’espére!
Merci à Walter Gonigam pour cet entretien. Bonnes vacances à vous, chers lecteurs de Camäléon, peut-être placées sous le signe de la lecture et de l’humour? C’est ce que nous vous souhaitons.
- « Tout partait d’une blague, et c’est devenu un livre »: comment un élève du LFA a publié un livre - 9. juillet 2021
- Le mot de la semaine : #enfin! - 28. mai 2021
- Le mot de la semaine : #IDAHOT2021 - 18. mai 2021